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La place des laïcs dans l'Église

Conférence sur la place des laïcs dans l'Église, donnée à un groupe de fidèles de la cathédrale de Grenoble réunis en fraternité. Il s'agit de notes de conférences, qui ne reflètent que partiellement ce qui a été dit.


 

J’aurais pu me contenter de Lumen Gentium et de Gaudium et Spes… J’ai trouvé plus intéressant de faire un historique de la place des laïcs dans l’Église pour comprendre la révolution qu’est Vatican II.

C’est un rapide aperçu, pour bien faire il aurait fallu beaucoup plus de temps !

Historique

Premiers temps du Christianisme

  • L’Église n’est pas organisée. Les chrétiens se rassemblent le dimanche, le Jour du Seigneur, et prient ensemble. Ils vivent leur foi dans leur milieu de vie, ils ont le sentiment d’avoir trouvé le vrai Dieu, ils sont prêts à aller au martyr pour être fidèles.
  • Les laïcs prennent des initiatives pour défendre la foi : saint Justin (philosophe), Pantène fondateur de l’école d’Alexandrie. La foi ne se vit pas dans les églises (il n’y en pas) mais là où ils vivent, ou dans les catacombes, etc.

Début des anachorètes

  • Saint Antoine abbé : part au désert, à la fois pour prier tranquille compte-tenu des persécutions, mais pas uniquement. Saint Antoine part parce qu’il veut un endroit tranquille.

Chute de l’Empire Romain. Début du monachisme

  • C’est le début d’une longue période de troubles. Invasions barbares. Violence dans l’Église. Hérésie arienne.
  • Les évêques ariens s’appuient sur le pouvoir civil et la force. Baptême de Clovis 496.
  • Longue période de discernement doctrinal. Les grands conciles œcuméniques. Saint Augustin
  • Le laïc, lui, essaie de survivre. Parce que l’ambiance de la société est violente. La laïc fait le guerre, il cultive, il invoque ses dieux… Pas de sainteté laïque.
  • Saint Benoît. (480 – 547) Règle de saint Benoît. Saint Patrick (390 – 496).

Haut Moyen âge

  • Il faut attendre une longue période de stabilisation pour voir apparaître une certaine piété dans le peuple. Système féodal. Puis une certaine bourgeoisie.
  • Saint Bernard de Clairvaux (1090 – 1153). Abbaye de Cluny.
  • Prédominance de l’abbaye : l’abbaye est le lieu où l’on peut pratique sa foi. Lieu protégé, matériellement protégé, avec des maîtres formés.
  • Les saints de l’époque : des fondateurs d’abbayes, des fondateurs d’ordre religieux, (saint Bruno et les chartreux, saint Bernard), des saints missionnaires (8ème/9ème siècle : saint Boniface qui évangélise l’Allemagne) saint Cyrille et Méthode… Mais pas de laïcs.

Moyen âge

  • Grands développements culturels grâce à une certaine stabilité économique. Villes commerçantes, début de l’Université à Paris.
  • On commence à voir quelques laïcs qui vivent une certaine piété, mais qui est une copie de la vie religieuse. Laïcs qui vivent des pratiques religieuses.
  • On voit des saints « laïcs », qui sont souvent des princes ou des rois/reines : saint Louis (1214 – 1970) saint Éric en Suède, saint Étienne de Hongrie (975 – 1080), sainte Élisabeth du Portugal (1271 – 1336)… personnages pieux, qui aident les pauvres, qui sont vertueux.
  • Puis, les ordres mendiants : saint François d’Assise, saint Dominique.

Les grands problèmes de l’Église

  • Papauté d’Avignon 14ème siècle et début 15ème.
  • La question des laïcs ne se pose pas, car « l’Église se cherche, l’Église se met en place », difficile problème du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel, pour exister le pape a besoin de force physique, etc.
  • Il y a quelques îlots de verdure (saint Thomas d’Aquin, les ordres mendiants).
  • Il faudrait parler des croisades…
  • On est dans un monde globalement dirigé par la force, et pour exister l’Église doit être forte. Avec les dérives que cela va générer.

La réforme. Le concile de Trente (1542 – 1563)

  • Globalement, 16ème siècle. Conséquences énormes pour l’Église et ses fidèles. Concile des sacrements et de la doctrine. On précise ce qu’il faut croire, on organise la liturgie, on structure l’Église.
  • Saint Charles Borromé, qui met en œuvre le concile de Trente.
  • Apport des Jésuites.
  • Évangélisation du Nouveau Monde.
  • Formation des prêtres (saint Vincent de Paul (1581 – 1660) et M. Olier, premiers « séminaires »).
  • La réforme du Concile de Trente va guider la vie de l’Église jusqu’au début du 20ème siècle.
  • Sainteté laïque… pas trop. Car on demande aux fidèles de vivre ce que l’Église enseigne.
  • Histoire de la spiritualité : dévotion au Sacré Cœur, saint François de Sales (Introduction à la vie dévote)… À coté de cette règle, il y a notre Seigneur qui intervient pour rappeler son amour pour les hommes… qui dépasse la règle.
  • Mais : Saints laïcs, il n’y en a pas. Tous les saints sont des prêtres ou des religieux. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de gens généreux. Car la misère reste très grande dans le monde.
  • Exception : Frédéric Ozanam.
  • Attention : il y a des gens très pieux et très saints. Mais les fidèles sont conçus comme des « récepteurs ». Les sacrements descendent sur les fidèles. Dans l’Église le fidèle n’a pas un rôle particulier à jouer.
  • Importance du Concile de Trente qui structure l'Église pendant 4 siècles.

La grande révolution dans l’Église du 20ème siècle

  • Plusieurs sources de réflexion : la Nouvelle Théologie. 1930 – 1950 Dominicains à Paris, (Marie Dominique Chenu, Labourdette) Puis jésuites à Lyon (Garrigou, de Lubac, Danielou).
  • En Allemagne, un certain Ratzinger.
  • Redécouverte des Pères de l’Église. Sources Chrétiennes.
  • Réflexions sur la notion d’Église (Lubac : Catholicisme les aspects sociaux du dogme).
  • L’Église comme peuple de Dieu (et non plus une église structurée, hiérarchisée, etc).
  • Et on arrive à Vatican II.

Vatican II

  • Deux textes fondamentaux : Lumen Gentium sur le mystère de l’Église et la place de ses membres, et Gaudium et Spes sur la place de l’Église dans le monde.
  • Je ne peux pas lire tout Vatican II, mais il faut lire, connaître et méditer Vatican II.
  • Entre autre, on va découvrir que la place des laïcs est en propre la sanctification du monde. Gaudium et Spes prévoit que les pasteurs encouragent les laïcs dans leur travail de sanctification du monde.
  • Le rôle des pasteurs n’est pas de chercher des bénévoles pour faire tourner la boutique. Parce que le rôle des laïcs est de sanctifier le monde.
  • Je pense très sincèrement que beaucoup de pasteurs n’ont pas encore compris Vatican II, ni le rôle des laïcs dans l’Église. On confond « être église » avec « s’impliquer dans l’organisation matérielle ». Et beaucoup de pasteurs ont une vision « organisationnelle » de leur mission.
  • Rappel : Vatican II ne supprime pas le Concile de Trente ! Vatican II est une nouvelle étape qui s'appuie sur le Concile de Trente (et Vatican II s'appuie sur Vatican I...)

Conclusion

Un peu long, mais cela m’a paru important de montrer l’évolution et de mettre en exergue l’apport incroyable de Vatican II.

Éric Le Meur, décembre 2022