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Les sept paroles de Jésus en Croix

Saint Bonaventure a écrit un texte simple pour nous aider à réfléchir sur les sept paroles prononcées par le Christ cloué sur la Croix.

Texte de saint Bonaventure

Première Parole.

Jésus, hostie, sacrifice, bienfait et grâce de salut ; Jésus, confiance assurée, refuge inébranlable : pour racheter le genre humain de sa captivité, pour anéantir les crimes dont nous étions coupables, pour nous unir à Dieu et nous combler de ses dons, vous n’avez point refusé de souffrir les chaînes, les fouets, les meurtrissures. Vous avez accepté la croix et ses ignominies, ses tourments et ses plaies. Et alors qu’elle vous recevait, alors que vos ennemis frémissaient contre vous, que le marteau frappait et que les clous déchiraient votre chair, que la douleur se faisait sentir plus atroce, que votre sang adorable coulait en abondance, que la souffrance vous oppressait et que votre angoisse s’aggravait, vous avez supplié votre Père de pardonner à vos ennemis, à ceux qui vous attachaient ; vous l’avez conjuré en faveur de leur ignorance, et vous lui avez dit : « Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ».

Prière.

O douce patience ! ô mansuétude ineffable, clémence infinie, bénignité sans limites ! Comme une brebis pleine de douceur, vous ne laissez échapper aucune plainte ; comme une mère pleine de tendresse, vous excusez l’injure dont on vous couvre ; comme l’âme dont la bouté est inépuisable, vous gardez toute votre bienveillance ; comme celui dont la volonté est d’une tendresse sans bornes, vous ne mettez en avant que la miséricorde. L’espérance de nos cœurs se tourne vers vous ; vers vous montent nos soupirs, vers vous coulent nos larmes, vers vous s’élèvent nos désirs, et nous crions avec confiance : Seigneur, daignez nous pardonner.

Seconde Parole.

Jésus, auteur de tout pardon, consolation de ceux qui pleurent ; Jésus, gloire de notre repentir, espoir des pénitents : alors que, suspendu sur la croix, vous étiez associé au supplice de deux scélérats, l’un d’eux s’élevait contre vous, vous blasphémait injurieusement, et vous disait : « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi et nous sauve en même temps ; exerce à ton égard la puissance que tu montras en sauvant les autres. » L’autre le reprenait, lui montrait sa folie, se déclarait coupable et vous suppliait en disant : « Souvenez-vous de moi lorsque vous serez parvenu en votre royaume, en ce royaume plein de douceur, lorsque vous vous montrerez roi. »

Et vous, Seigneur, qui aimez le repentir et y attirez les cœurs par votre grâce, vous ne vous êtes point contenté de lui promettre un souvenir, mais vous l’avez assuré de votre gloire, et vous lui avez dit : « Oui, je vous le promets, vous serez avec moi dans la gloire. »

Prière.

O charité empressée de mon Dieu ! Miséricorde diligente, libéralité sans retard, munificence vraiment prompte, c’est vers vous que s’élance notre ferveur, vers vous que se tourne notre pensée, devant vous que nous confessons nos fautes et que nous ouvrons le fond de nos cœurs.

Nous vous supplions avec confiance, vous qui, seul, êtes sans péché et pur de tout crime, et nous vous disons : Souvenez-vous de nous, Seigneur, dans votre patience.

Troisième Parole.

Jésus, lumière éclatante, Roi de gloire, Fils de Dieu et Fils de l’homme ; Jésus, fleur de la pureté virginale, Fils de la Vierge Marie ; cette Vierge très-sainte, cette Vierge accablée d’amertumes, cette Mère pleine d’amour et brisée par tant de douleurs, votre Mère bien-aimée, qui entoura votre enfance de soins si diligents, se tenait inondée de ses larmes et anéantie par ses sanglots au pied de votre croix, vous y voyait suspendu, contemplait vos tourments, et, dans l’excès de son affliction, elle semblait prête à défaillir. Mais vous, Seigneur, vous avez abaissé un regard sur cette Mère dans les pleurs, en proie à l’amertume, votre Mère vénérable, digne de la suprême béatitude ; vous avez considéré votre Disciple bien-aimé, ce Disciple si digne de votre amour, Jean, le serviteur fidèle de Dieu, l’homme dont la vie est demeurée sans tache, et votre parole s’est adressée, pleine de douceur et avec un accent prophétique, à Marie et à Jean ; vous avez recommandé tendrement votre Mère au Disciple, et vous avec dit : « Femme voilà votre Fils » ; et ensuite au Disciple : « Voilà votre Mère ».

Prière.

Oh ! quel changement ! quel partage inégal l quelle désolation ! quelle tristesse profonde pour une mère, alors que pour soutien c’est le Disciple qui lui est donné à la place du Maître, alors qu’au lieu de Dieu c’est un homme qui devient son appui ; qu’au lieu du loi, c’est un simple serviteur qui demeure à Marie ! Et moi aussi, ô Jésus ! je me recommande humblement à votre grâce, et je m’abandonne pour toujours à votre providence, afin qu’aidé des prières que la Vierge vous adressera pour moi avec amour, je puisse être en tout temps à l’abri des orages du péché.

Quatrième Parole.

Jésus, vertu, sagesse du Père incréé ; Jésus, force et soutien de toute créature : par votre puissance admirable vous aviez multiplié les pains ; avec une force non moins grande, faible enfant, vous aviez conduit l’étoile qui guidait les Mages ; vous aviez rappelé les morts à la vie, vous aviez opéré des merveilles sans nombre, vous aviez guéri les malades, vous aviez tiré le monde du néant, vous aviez chassé les démons par la terreur de votre parole, vous aviez, au jardin des Olives, renversé vos ennemis par la force de cette même parole ; et voilà que vous êtes attaché à la croix pour obéir à votre Père ; voilà que vous êtes, par sa volonté, en proie aux angoisses ; voilà que, pour accomplir ses ordres, vous êtes enchaîné et vous souffrez comme un Criminel, et qu’il ne vous permet point de faire usage de votre puissance pour vous soustraire aux tourments. Alors, vous inclinant sous le poids des douleurs qui vous oppressent, vous faites entendre un cri, et vous dites, en pleurant, d’une voix de lamentation : « Eli, Eli, lamina sabachtani », c’est-à-dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? »

Prière.

O cri miraculeux, qui opère le salut du monde ! O cœur innocent et humble ! Vous pleurez les peines méritées par nos crimes ; la compassion m’entraîne vers vous ; je sens que vous souffrez pour moi ; je me prosterne devant vous, je mêle mes pleurs aux vôtres ; et ces pleurs me sont avantageux : ils me consolent, car ils seront pour moi une source de récompense et de joie éternelle.

Cinquième Parole.

Jésus, dont le souvenir est si doux et dont l’amour pénètre d’ardeur ; Jésus, ma tendre confiance, vous qui êtes la nourriture qui réjouit mon âme : alors qu’étendu sur l’autel de la croix, vous accomplissiez, en vous immolant, la rédemption des hommes, le monde vous contemplait nu et dépouillé comme un objet de spectacle ; la terre faisait entendre contre vous un cri de mort ; vos ennemis vous lançaient leurs injures ; vos proches vous fuyaient ; les clous perçaient vos membres ; vos nerfs se contractaient sous l’excès de la douleur ; vos plaies se gonflaient ; votre sang coulait à grands flots ; votre chair devenait palpitante ; vos forces s’épuisaient. Alors, Seigneur, vous avez été embrasé d’une soif dévorante, d’une soif qui languissait d’amour, d’une soif désireuse des vertus et avide de notre salut. Vous avez dit avec tendresse : « J’ai soif » : je désire la foi chez tous les hommes, je soupire après leur salut, et je m’offre encore à de nouveaux tourments, afin de l’obtenir.

Prière.

O soif vraiment salutaire qui ne demandez que notre amour ! ô soif intime du cœur qui brisez nos ardeurs perverses ! Faites, ô mon Dieu, que j’aie soif de vous, que je brûle de cette soif, que je fuie la soif du mal, jusqu’à ce que j’arrive à la fontaine de vie, que je m’y désaltère, que j’y sois heureux pour toujours, et, qu’entré dans la sainte patrie, j’y contemple mon Dieu à jamais.

Sixième Parole.

Jésus, notre rédempteur, sauveur de tous les hommes ; Jésus, noire amour, salut de ceux qui croient : alors que vous accomplissiez avec un zèle ardent par le mystère de la Croix l’œuvre de notre rachat, afin d’être ainsi notre libérateur ; alors que vous vous soumettiez au supplice pour nous en arracher, consommant le sacrifice de votre chair et de votre sang, en même temps que le combat terrible qui devait mettre le sceau à notre paix ; terminant la course passagère de cette vie fugitive et achevant le grand acte de notre rédemption, au moment où l’heure de la mort approchait, où la vie vous abandonnait, où vous touchiez au terme de vos souffrances, et où tout allait se trouver conduit à sa fin, pour exprimer toutes choses en un mol vous vous écriâtes : Tout est consommé ! En effet, Jésus est crucifié, l’Agneau est immolé, son sang est répandu, le prix du salut est payé, le démon est vaincu, la guerre est terminée, la sentence de condamnation est détruite et l’homme est racheté.

Prière 

O bon Jésus ! Bonté suprême qui êtes notre justice ; ô vrai jésus ! Vérité souveraine qui êtes notre science ; ô nous Jésus ! Charité ineffable et notre rédemption ; ô saint Jésus ! Sainteté sans tache et notre sanctification ; consommez en nous la grâce, consommez la justice, consommez notre conscience, consommez notre joie. 

Septième Parole.

Jésus, voie de toute droiture et porte du salut ; Jésus, refuge inébranlable et protecteur de tous les hommes ; Jésus, vérité salutaire et lumière brillante des âmes ; Jésus, félicité de la vie et douceur enivrante des cœurs : alors que vous livriez les derniers combats, afin de détacher votre âme de votre corps sacré, et que vous abandonniez cette terre pour descendre aux enfers, voulant nous montrer la voie que nous devions parcourir, instruire les hommes formés d’une vile poussière, et nous faire reconnaître le défenseur en qui doivent se confier ceux que la mort environne, vous avez recommandé votre âme vénérable à votre Père très-saint et vous lui avez dit en gémissant dans un langage d’amour : « Mon Père, je remets mon âme entre vos mains ». Et ensuite, inclinant la tête, toujours attaché au gibet de la Croix, couvert île plaies cruelles, honteuses et injustes, vous avez rendu l’esprit. Mais en même temps vous imprimâtes à l’univers un tel frémissement que tous ceux qui furent témoins de vos tourments versèrent des larmes abondantes ; que les éléments se troublèrent, les rochers se fendirent, les sépulcres laissèrent aller leurs morts, la terre trembla, le voile du temple se déchira, la lotie recula en arrière, le soleil se couvrit de ténèbres, le monde gémit, et la nature désolée s’écria : Hélas ! Voici mon dernier jour, ou bien le Dieu qui m’a créée est à cette heure en proie aux souffrances.

Prière.

Ô mort digne de larmes, que toute créature a pleurée ! O mort lamentable, sur laquelle les êtres insensibles se sont désolés ! mort admirable, où les morts ont puisé la vie ; mort toute aimable, qui as exalté le courage des forts ; mort sacrée, mort glorieuse, qui as été la ruine des crimes ; mort pieuse, mort profitable, en qui nous avons trouvé des récompenses, fais que ton souvenir ne nous abandonne jamais ; qu’il excite notre âme et transperce en tout temps notre cœur ; qu’il verse la lumière en nos pensées et nous dirige en toutes nos démarches ; qu’il nous délivre de nos fautes et nous accorde le bienfait de la vie céleste. Ainsi soit-il.