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saint François de Sales

saint françois de Sales

Saint François de Sales, (1567-1622), évêque de Genève et docteur de l'Église (1877), naquit au château de Sales, près d'Annecy, en Savoie. Son père, également François, comte de Sales, mais plus connu sous le nom de M. de Boisy, noble et militaire, avait été employé dans diverses affaires d'État, mais en 1560, à l'âge de trente-huit ans, il se fixa sur les terres de ses ancêtres et épousa Françoise de Sionnay, savoyarde comme lui, et héritière. François, premier enfant de cette union, naît en août 1567 alors que sa mère est dans sa quinzième année. M. de Boisy était réputé pour son expérience et son bon jugement, et ses deux parents se distinguaient par leur piété, leur amour de la paix et leur charité envers les pauvres, qualités qui se manifestèrent très tôt chez leur fils aîné.

François de Sales reçut son éducation d'abord à La Roche, dans la vallée de l'Arve, puis au collège d'Annecy. À l'âge de treize ou quatorze ans, il se rendit au collège jésuite de Clermont à Paris, où il resta jusqu'à l'été 1588, et où il jeta les bases de ses profondes connaissances, tout en se perfectionnant dans les exercices d'un jeune noble et en menant une vie de vertu exemplaire. C'est aussi à cette époque qu'il développe un amour ardent pour la France, pays politiquement antagoniste du sien, mais si étroitement lié à lui géographiquement, socialement et par la langue. À la fin de l'année 1588, il se rendit à Padoue pour y passer son diplôme en droit civil et canonique, prélude nécessaire en Savoie à l'époque pour se distinguer dans une carrière civile. Cependant, son cœur, surtout depuis qu'il a reçu la tonsure (1578), était déjà tourné vers l'Église, et il s'intéressa davantage à la théologie, sous la direction des grands maîtres Antonio Possevino, S.J., et Gesualdo, qui devint par la suite général des Frères mineurs, qu'à son cours de droit.

La douceur pour laquelle François de Sales était déjà réputé n'était pas celle d'un caractère faible, mais d'un caractère fort. Il revint en Savoie en 1592 et, tout en cherchant l'occasion de vaincre la résistance de son père à sa résolution d'embrasser la profession ecclésiastique, il prit le diplôme d'avocat au sénat. Entre-temps, à son insu, ses amis lui procurèrent la charge de prévôt du chapitre de Genève, honneur qui réconcilia M. de Boisy avec le sacrifice d'espérances plus ambitieuses. Après une année de travail zélé comme prédicateur et directeur, il fut envoyé par l'évêque, Claude de Granier, pour essayer de reconquérir la province du Chablais, qui avait embrassé le calvinisme lors de l'usurpation de Berne en 1535, et l'avait conservé même après sa restitution à la Savoie en 1564. Au début, les gens refusèrent de l'écouter, car il leur était présenté comme un instrument de Satan, et tous ceux qui avaient affaire à lui étaient menacés de la vengeance du consistoire. Il écrivit donc son message sur des feuilles qui passèrent de main en main et qui, avec le spectacle de ses vertus et de son désintéressement, produisirent bientôt un grand effet. Les feuilles dont il vient d'être question se trouvent encore à la bibliothèque Chigi de Rome et ont été publiées, avec de nombreuses modifications, en 1672, sous le titre de Les Controverses. Ce livre doit être considéré comme la première œuvre de saint François.

La réédification d'une croix de chemin à Annemasse, aux portes de Genève, au milieu d'une énorme foule de convertis, événement qui clôtura les trois années de son apostolat, l'amena à composer la Défense de la Croix, publiée en 1600. Une maladie provoquée par le labeur et les privations l'obligea à laisser son travail à d'autres pendant près d'un an, mais en août 1598 il retourna à son champ de travail, et en octobre de cette année-là, pratiquement tout le pays était à nouveau catholique. Jusqu'alors, la prédication et les conférences avaient été les seules armes employées. Il est possible que les événements lamentables des campagnes de 1589 à Gex et dans le Chablais aient été appliqués à la période 1594-1598.

En octobre de cette dernière année, cependant, le duc de Savoie, qui venait alors assister en personne aux grandes fêtes religieuses qui célébraient le retour du pays à l'unité de foi, expatriait ceux des principaux hommes qui refusaient obstinément d'écouter les arguments catholiques. Il interdit également aux ministres calvinistes de résider dans le Chablais et substitue des fonctionnaires catholiques aux fonctionnaires huguenots. François de Sales approuva ces mesures et, trois ans plus tard, demanda même que ceux qui, comme il le disait, "suivaient leur hérésie plutôt comme un parti que comme une religion", reçoivent l'ordre soit de se conformer, soit de quitter leur pays, avec la permission de vendre leurs biens. Sa conduite, jugée non pas selon les critères modernes, mais selon les idées de son époque, sera jugée compatible avec la plus haute charité chrétienne, comme celle du duc avec une saine prudence politique. A cette époque, il est nommé par le pape coadjuteur de Genève et, après une visite à Rome, il assiste l'évêque Mgr de Granier dans l'administration des pays nouvellement convertis et de l'ensemble du diocèse.

En 1602, François de Sales se rendit pour la deuxième fois dans la capitale française, où ses qualités transcendantes lui permirent d'établir les relations les plus étroites avec la cour d'Henri IV, et firent de lui le père spirituel de ce cercle d'âmes choisies qui gravitaient autour de Madame Acarie. Parmi les personnages célèbres qui devinrent ses amis à partir de cette époque, citons Pierre de Bérulle, fondateur des Oratoriens français, Guillaume Duval, l'érudit, et le duc de Bellegarde, ce dernier étant un favori spécial du roi, qui supplia qu'on lui permette de partager l'amitié du Saint. C'est aussi à cette époque que son talent de prédicateur fut pleinement reconnu, et de Sanzéa, futur évêque de Bethléem, rapporte que Duval exhortait tous ses étudiants de la Sorbonne à l'écouter et à l'imiter, "la vraie et excellente méthode de prédication". Ses principes sont exprimés dans l'admirable lettre à André Frémyot d'octobre 1604.

Mgr de Granier mourut en septembre 1602, et le nouvel évêque commença à administrer son vaste diocèse, qui, comme le dit un contemporain, "a trouvé de la brique et laissé du marbre". Ses premiers efforts visèrent à obtenir un clergé vertueux et bien instruit, avec pour conséquence un peuple digne de ses pasteurs. Il consacrait tout son temps à prêcher, à confesser, à visiter les malades, à soulager les pauvres. Son zèle ne se limite pas à son diocèse. De concert avec Jeanne Françoise Frémyot (1572-1641), veuve du baron de Chantal, dont il avait fait la connaissance en prêchant le Carême à Dijon en 1604, il fonda l'ordre de la Visitation, en faveur des "âmes fortes aux corps faibles", comme il disait, que leur incapacité à entreprendre de sévères austérités corporelles dissuadait d'entrer dans les ordres déjà existants. L'institution se répandit rapidement, comptant vingt maisons avant sa mort et quatre-vingts avant celle de sainte Jeanne. Les soins de son diocèse et de sa nouvelle fondation ne suffisant pas à son ardente charité, il publia en 1609 sa célèbre Introduction à la vie dévote, ouvrage qui fut aussitôt traduit dans les principales langues européennes et dont il publia lui-même cinq éditions. En 1616 paraît le Traité de l'amour de Dieu, qui enseigne la perfection de la vie spirituelle dont l'ouvrage précédent est censé être l'"Introduction".

Les Conférences de Carême de 1617 et 1618 à Grenoble furent le prélude à un apostolat encore plus important à Paris, "le théâtre du monde", comme l'appelle saint Vincent de Paul. Ce troisième séjour dans la grande ville dura de l'automne 1618 à celui de 1619 ; il avait pour objet direct d'aider à négocier le mariage du prince de Piémont avec Chrétienne de France, mais presque tout son temps fut consacré à la prédication et aux œuvres de miséricorde, spirituelles ou corporelles. Il était considéré comme un saint vivant. Saint Vincent ne le quittait guère et a donné les témoignages les plus extraordinaires (encore inédits) de ses vertus héroïques. La Mère Angélique Arnaud, qui à cette époque se mit sous sa direction et voulut entrer dans l'Ordre de la Visitation, attirée par son humilité et sa douceur, peut être désignée comme la plus intéressante de ses innombrables pénitentes de cette période. Il retourna en Savoie et, après trois ans de travail acharné, mourut à Lyon le 28 décembre 1622.

Après une enquête épiscopale, la commission pontificale en vue de sa béatification fut instituée par décret du 21 juillet 1626, avec une célérité unique dans les annales de la Congrégation des Rites. Les dépositions des témoins furent renvoyées à Rome en 1632, mais entre-temps les formes de la chancellerie romaine avaient été modifiées par Urbain VIII, et les avocats ne purent pas immédiatement poursuivre leur travail. Finalement, une nouvelle commission fut créée en 1656 et, sur la base de son rapport, dans lequel furent insérées dix-neuf des anciennes dépositions, le "serviteur de Dieu" fut béatifié en 1661. La canonisation eut lieu en 1665.

(texte traduit de l'édition 1911 de l'Encyclopédie Britannique)

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