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La libération des camps

la libération des camps de concentration est arrivée trop tard pour certains prisonniers, comme Victor Tiollier, décédé le 25 février 1945

Des cérémonies ont marqué, au cours des premières semaines de l’année 2020, le 75e anniversaire de la libération des camps de concentration, en particulier celui de Auschwitz. Période douloureuse de l’histoire du siècle dernier, qui ne laisse, espérons-le, personne indifférent.

Si un bon nombre de prisonniers a pu retrouver la liberté en ce début d’année 1945, d’autres n’ont pas eu cette chance, et sont décédés avant d’avoir vu les alliés ouvrir les portes de leur prison. C’est le cas de Victor Tiollier, agé de 23 ans, et qui trouvait la mort au camp de Neckarelz, dans la vallée du Neckar, le 25 février.

Victor avait fait partie de ces 2 000 hommes que l’on avait entassés dans des wagons à bestiaux dans le train n° 7909, le tristement célèbre “train de la mort” de Compiègne, dénommé ainsi en raison du nombre élevé des décès survenus durant le voyage.

Après un passage par Dachau, cet ancien séminariste de Chambéry avait été transféré dans ce camp, dépendant du Struthof alsacien.

Son état de santé se dégrada peu à peu, à cause du travail forcé à la mine de gypse, de la sous-alimentation et du froid.

À la date du 31 octobre 1944, il note dans un journal qu’il tient clandestinement sur un petit carnet, et qu’il cache dans une de ses chaussures, que l’on signale des cas de typhus. C’est à cette bactérie qu’il succombera, quelques semaines avant la libération du camp, en avril 1945.

Souvenons–nous ces jours-ci de Victor, qui a tant aimé la France, pour laquelle il a donné sa vie, pour trois semaines seulement de résistance à Lyon, au sein du réseau Gallia.

On peut voir le journal de Victor dans une vitrine, au Musée de la Résistance et de la déportation de Lyon.

La famille de Victor a réalisé un site internet à sa mémoire, (Victor Tiollier) et son journal a été transcrit et reproduit dans un livre intitulé Mourir à Neckarelz, disponible en version papier et en version numérique.

Ci-dessous, un extrait du journal de Victor Tiollier :

2 Novembre. Jour des morts. Journée de désinfection : 1 h de sommeil. Ces 2 jours passent totalement inaperçus en Allemagne : pays de barbares. Au camp le typhus continue ses ravages : 3 morts aujourd’hui.

3-10 Novembre. Le typhus est à peu près enrayé. Toujours pas de nouvelles. Grandes concentrations. Grand espoir pour ce mois. Ravitaillement difficile mais grande aide de Vallon pour l’infirmerie et par le commandant, très faible. Travail à la grande mine assez tranquille : 2 nuits au 16 avec le marteau piqueur, puis déblaiement. Il n’y a plus de maçon de nuit. Très mauvais temps : pluie, froid. Patience, courage, mais vie très matérielle et abrutie. Cependant lutte contre l’égoïsme forcené. « Homo homini lupus ». L’homme est bien bas lorsqu’il a faim et qu’il souffre.

Lundi 11 Décem. A 30, nous formons le commando de Ollbridge qui va travailler dehors à la petite mine à Neckargerach. 1ère journée très dure : sous la neige et la pluie, on va chercher des sapins dans la montagne.
Retour le soir à la baraque, sans aucune possibilité de se sécher, surtout les pieds. Cependant dans notre pucier, sommeil avec René.
Les jours suivants, transport de panneaux de baraques, les pieds dans la boue. Travail assez pénible mais court. Bon air. Un peu de ravitaillement par Mr Villiers. Ferme espoir en des jours meilleurs. Confiance en la protection du Père et de la Sainte Vierge.
Nous ne connaissons pas notre bonheur à la grande mine et à l'école.
Nous retrouvons beaucoup de camarades de Neckargerack : Moreau.

Mardi 19 Décembre Commando Wagner, toujours dehors au sable sur bord du Neckar. Froid de canard, travail tranquille mais pénible.

Samedi 23 Nous travaillons à un terrassement près de l'entrée de la grande mine.
Froid terrible : je ne puis me réchauffer en travaillant à cause d'un coup reçu au coude (près de la cuisine civile). Véritable supplice le matin, après-midi meilleure : alerte, va et vient dans la mine. Mais le soir j'ai 39° de fièvre.