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Livres sur saint Joseph

La dévotion à saint Joseph s'est développée lentement dans l'Eglise au fil des siècles. Il n'existe donc pas beaucoup de livres qui parlent du saint patriarche, encore moins d'ebooks. En voici pourtant quelques-uns.

saint joseph dans son atelier

Patris Corde

Exhortation apostolique du Pape François à l'occasion du 150ème anniversaire de la nomination de saint Joseph comme patron de l'Église universelle par Benoît XV.

Le Pape François ouvre, avec ce document, une année consacrée à saint Joseph, en particulier pour demander la fin de la pandémie.

Avec un cœur de père : C’est ainsi que Joseph a aimé Jésus, qui est appelé dans les quatre Évangiles « le fils de Joseph ».

Les deux évangélistes qui ont mis en relief sa figure, Matthieu et Luc, racontent peu, mais bien suffisamment pour le faire comprendre, quel genre de père il a été et quelle mission lui a confiée la Providence.

Nous savons qu’il était un humble charpentier (cf. Mt 13, 55), promis en mariage à Marie (cf. Mt 1, 18 ; Lc 1, 27) ; un « homme juste » (Mt 1, 19), toujours prêt à accomplir la volonté de Dieu manifestée dans sa Loi (cf. Lc 2, 22.27.39), et à travers quatre songes (cf. Mt 1, 20 ; 2, 13.19.22). Après un long et fatiguant voyage de Nazareth à Bethléem, il vit naître le Messie dans une étable, parce qu’ailleurs « il n’y avait pas de place pour eux » (Lc 2, 7). Il fut témoin de l’adoration des bergers (cf. Lc 2, 8-20) et des Mages (cf. Mt 2, 1-12) qui représentaient respectivement le peuple d’Israël et les peuples païens.

Il eut le courage d’assumer la paternité légale de Jésus à qui il donna le nom révélé par l’ange : « Tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1, 21). Comme on le sait, donner un nom à une personne ou à une chose signifiait, chez les peuples antiques, en obtenir l’appartenance, comme l’avait fait Adam dans le récit de la Genèse (cf. 2, 19-20).

Quarante jours après la naissance, Joseph, avec la mère, offrit l’Enfant au Seigneur dans le Temple et entendit, surpris, la prophétie de Siméon concernant Jésus et Marie (cf. Lc 2, 22-35). Pour défendre Jésus d’Hérode, il séjourna en Égypte comme un étranger (cf. Mt 2, 13-18). Revenu dans sa patrie, il vécut en cachette dans le petit village inconnu de Nazareth en Galilée – d’où, il était dit, "qu’il ne surgit aucun prophète" et "qu’il ne peut jamais en sortir rien de bon" (cf. Jn 7, 52 ; 1, 46) –, loin de Bethléem, sa ville natale, et de Jérusalem où se dressait le Temple. Quand, justement au cours d’un pèlerinage à Jérusalem, ils perdirent Jésus âgé de douze ans, avec Marie ils le cherchèrent angoissés et le retrouvèrent dans le Temple en train de discuter avec les docteurs de la Loi (cf. Lc 2, 41-50).

Saint Joseph chez les Papes.

Le livre « Saint Joseph chez les papes » est une compilation de plusieurs textes prononcés ou écrits par plusieurs papes : Benoît XVI, Jean-Paul II, Benoît XV, et un peu plus ancien, Léon XIII. Il propose une encyclique (Quamquam plures, de Léon XIII), une exhortation apostolique (Redemptoris Custos sur la figure du rédempteur par Jean-Paul II), un « motu proprio » de Benoît XV intitulé Bonum Sane, et plusieurs homélies ou discours de Benoît XVI.

Pourquoi proposer des textes du magistère sur le saint Patriarche ? On pourrait facilement répondre « Pourquoi pas ? » Il est vrai que la littérature sur saint Joseph n’est pas abondante, il est donc utile d’avoir à sa disposition quelques écrits qui parlent de Joseph, de sa vie quotidienne, de sa personne, de son travail, et des termes qui le rendent proche de nous.

Les différents textes sont d’importance inégale ; il n’en reste pas moins que, depuis une centaine d’année, les pasteurs ont encouragé les fidèles à développer une dévotion envers l’époux de Marie.

Extrait du motu proprio de Benoît XV sur saint Joseph :

Aujourd'hui, il Nous faut examiner une autre source de malaise, autrement grave celle-là puisqu'elle a pénétré jusqu'aux veines et au cœur même de la société humaine. De fait, le fléau de la guerre s'est abattu sur les nations le jour où les avait profondément infectées le « naturalisme », cette peste effroyable de notre époque, dont le germe en se développant énerve le désir des biens célestes, étouffe la flamme de l'amour de Dieu, soustrait l'homme à l'influence médicinale et élevante de la grâce du Christ, puis, lorsqu'il est privé finalement de la lumière de la foi et muni des seules énergies infirmes et corrompues de la nature, le livre au débordement des passions.

Beaucoup trop d'hommes bornaient leurs désirs aux choses qui passent ; et alors qu'une envie mortelle et une lutte sans merci opposaient déjà le riche et le prolétaire, une guerre prolongée et générale est venue développer et exaspérer encore cette haine entre les classes, en raison surtout de ce qu’elle a imposé à la masse un intolérable renchérissement de la vie tandis qu'elle procurait brusquement à de très rares privilégiés des fortunes colossales.

Pour comble de malheur, la sainteté de la foi conjugale et le respect de l'autorité paternelle ont été bien atteints chez beaucoup du fait de la guerre, soit que par l'éloignement l'un des époux laissât se relâcher le lieu de ses devoirs envers l'autre, soit que, en l'absence de toute tutelle, les jeunes filles surtout fussent entraînées par leur imprudence à prendre de trop grandes libertés. Aussi, spectacle douloureux, les mœurs sont plus corrompues et dépravées que précédemment, et la « question sociale », comme l'on dit, en devient de jour en jour si grave que l'on peut redouter les pires catastrophes. Voici, en effet, que mûrit l'idée que tous les plus dangereux fauteurs de désordre appellent de leurs vœux et dont ils escomptent la réalisation, l'avènement d'une république universelle, basée sur les principes d'égalité absolue des hommes et de communauté des biens, d'où serait bannie toute distinction de nationalités et qui ne reconnaîtrait ni l'autorité du père sur ses enfants, ni celle des pouvoirs publics sur les citoyens, ni celle de Dieu sur la société humaine. Mises en pratique, ces théories doivent fatalement déclencher un régime de terreur inouïe, et dès aujourd’hui une partie notable de l'Europe en fait la douloureuse expérience. Or, ce triste régime, Nous voyons qu'on le veut étendre à d'autres peuples encore ; Nous voyons l'audace de quelques exaltés soulever la populace et susciter çà et là de graves émeutes.

Préoccupé tout le premier du cours de ces événements, Nous avons saisi toute occasion de rappeler leur devoir aux enfants de l’Église, témoin Nos récentes lettres à l'évêque de Bergame et aux évêques de Vénétie. Pour le même motif, le souci de retenir dans le devoir tous Nos enfants, quelque nombreux et où qu'ils soient, qui gagnent leur vie du travail de leurs mains, et de les préserver de la contagion du socialisme, le plus mortel ennemi de la doctrine chrétienne, Nous a poussé à leur proposer avec instance, à eux surtout, saint Joseph comme modèle et patron spécial à imiter et honorer.

Un mois avec saint Joseph

Le grand classique de la dévotion à saint Joseph : "Un mois avec saint Joseph", 31 méditations, une par jour du mois de mars, pour fréquenter le saint patriarche, guidé par les conseils de l'abbé Berlioux, ancien curé de paroisse à Grenoble.

Le livre est construit comme les autres livres de ce pasteur : tous les jours, il nous fait considérer une vertu, une qualité, un trait de caractère de saint Joseph, qu'il illustre par une anecdote. Il termine par une courte prière pour nous aider, nous aussi, à intégrer dans notre vie cet aspect de la vie de saint Joseph.

Les exemples pris peuvent paraître un peu dépassés. Mais les commentaires, eux, sont toujours actuels, et son très utiles pour nous aider à fréquenter, de façon assidue, celui qui fut le maître de Jésus, qui lui a appris à travailler, avec qui il est allé à la synagogue pour prier... Saint Joseph devait avoir une stature humaine incroyable pour être choisi comme éducateur du Fils de Dieu !

Dépourvu de toute grandeur et de toute fortune, et obligé de pourvoir à la subsistance de la sainte Fa­mille dont il était le Chef, Joseph se livrait à un travail pénible et continuel : il était charpentier. Ses concitoyens l’appelaient Joseph l’Artisan, et l’on montrait dans les premiers temps du Christianisme des jougs et des charrues qu’il avait façonnés de ses mains. Voilà douc ce que faisait notre saint Patriarche, lui, ce rejeton du plus pur sang des rois de Juda ; ce fils de David passait sa vie, la scie et le marteau à la main, travaillant depuis les premières lueurs du jour jusqu’aux plus épaisses ténèbres de la nuit pour le service du Verbe Incarné et pour la Reine du Ciel ; oui, le voilà tel que j’aime à le voir. Cette mission parait humble aux yeux des hommes, mais qu’elle est grande aux yeux de Dieu, et combien les anges auraient voulu en être chargés ! Les hommes ne jugent que par ce qu’ils voient, mais Dieu regarde le cœur. Ah ! Si le travail était vulgaire, quels incomparables mérites n’acquérait pas l’ouvrier ? Ô Sauveur Jésus, bienheureuses les mains qui vous ont nourri, vous et votre sainte Mère, pendant si long­temps et au prix d’un travail incessant !

Ô travailleurs de toutes sortes, qui êtes et serez toujours, malgré de menteuses pro­messes, les plus nombreux de ce monde, ouvriers et ouvrières les plus humbles, n’ou­bliez jamais Nazareth, et vous ne douterez pas que tout travail honore, si obscur qu’il soit, et qu’il fait toujours la dignité de l’homme et de la famille. Depuis que Jésus et Joseph ont dû vivre du fruit de leurs sueurs, aucune condition n’est préférable à celle de l’artisan chrétien. « Souvenez-vous, mes Frères, dit le grand Apôtre, de mes travaux et de mes sueurs ; jour et nuit, j’ai travaillé au milieu de vous, et tout ce qui m’était nécessaire, à moi et à ceux qui étaient avec moi, je l’ai acquis par le travail de mes mains. »

Dévotion à saint Joseph

Le livre de saint Alphonse de Liguori est, comme tous les livres de saint Alphonse, pastoral et profond. En bon pasteur d’âme, le fondateur des Rédemptoristes nous propose une « Exhortation pour porter les âmes à la dévotion envers saint Joseph », puis « sept méditations en l’honneur de saint Joseph » : sur le voyage à Bethléem, où naquit Jésus, sur le voyage en Égypte, sur la perte de Jésus au temple, sur le bonheur qu'eut saint Joseph de jouir continuellement de la compagnie de Jésus, sur l'amour de saint Joseph pour Marie et pour Jésus, sur la mort de saint Joseph, et enfin une dernière méditation sur la gloire de saint Joseph.

Viennent ensuite une méditation pour la fête de saint Joseph, puis une homélie pour cette même fête, le 19 mars.

Tant que Joseph vécut, notre Seigneur le respecta toujours comme son Père et lui obéit toujours comme à son Père : Il leur était soumis ; en sorte que, pendant trente années, l’occupation continuelle du Sauveur fut d’obéir à Joseph. Durant tout ce temps, ce fut à Joseph de commander comme chef de la famille, et à Jésus-Christ d’obéir comme soumis à Joseph, que Dieu lui avait donné pour lui servir de père. Ainsi, toutes les actions de Jésus-Christ, ses démarches, sa nourriture, son repos, tout était réglé par les ordres de Joseph ; il était uniquement attentif à écouter et à exécuter tout ce que Joseph lui commandait. C’est ce que le Seigneur a daigné révéler à sainte Brigitte : Mon fils était obéissant, de telle sorte que, lorsque Joseph lui disait : « Fait ceci », il le faisait. On le voyait donc souvent, dit Jean Gerson, soit préparer le repas, soit laver la vaisselle, soit puiser de l’eau, soit balayer la maison.

Mais, écoutons saint Bernard parlant de saint Joseph : Voici le serviteur fidèle et prudent, que le Seigneur a constitué sur sa maion, pour lui donner, en temps voulu, sa part de blé. : Ce serviteur fidèle, dit-il, a été choisi pour être, non seulement le consolateur de la Mère de Dieu au milieu de tant de tribulations qu’elle eut à souffrir sur la terre, et le père nourricier de Jésus-Christ, mais encore le coopérateur en quelque sorte de la rédemption du monde, qui fut l’œuvre du grand conseil des trois Personnes divines.

— Ainsi, Dieu, voulant qu’il tînt lieu de père à son Fils, lui confia le soin de le nourrir, et de le défendre contre les embûches de ses ennemis ; il semble avoir dit, en lui adressant ces paroles : Reçois l’Enfant ; Joseph, j’ai envoyé mon Fils sur la terre, et je l’ai envoyé pour y vivre comme un homme pauvre et de basse condition, sans éclat, sans dignité extérieure ; le monde le méprisera, ne voyant en lui que le fils d’un artisan, d’après l’humble métier que tu exerces : N’est-il pas le fils du charpentier ? J’ai voulu que tu fusses pauvre, parce que je te destinais à tenir lieu de père à mon Fils pauvre ; car il ne vient pas dans le monde pour dominer, mais pour sauver les hommes par ses souffrances et par sa mort. Tu seras donc ici-bas son Gardien et son Père, en ma place ; je l’abandonne entre tes mains. Il sera persécuté, et tu auras part à ses persécutions ; aie soin de le garder, et sois-moi fidèle.

— En même temps, selon saint Jean Damascène, pour bien remplir cette mission, Dieu donna à saint Joseph, envers Jésus, l’amour, la vigilance, et l’autorité d'un père. Il lui donna l’affection d’un père, afin qu’il gardât Jésus avec une grande tendresse ; il lui donna la sollicitude d’un père, afin qu’il l’environnât de tous les soins possibles ; il lui donna, enfin, l’autorité d’un père, afin qu’il eût l’assurance d’être obéi en tout ce qu’il ordonnerait touchant la personne du Sauveur.

Le livre propose ensuite les sept joies et les sept douleurs de saint Joseph, de courtes considérations sur sept événements de la vie de saint Joseph, qui furent tout d’abord douloureux pour lui, puis qui se convertirent en joie. Les sept douleurs et les sept joies de saint Joseph sont illustrées chacune par une mosaïque contemporaine, nos permettant de bien visualiser la scène.

Saint Joseph, époux de la très sainte Vierge

Nous ré-éditons ce livre du Cardinal Aexis-Marie Lépicier, car il constitute une longue étude passionnante sur la vie et la personne du saint Patriarche.

Après avoir réfléchi sur la relation entre saint Joseph et Dieu (sa vocation, son mariage avec Marie, les relations de Joseph avec marie et l'Enfant Jésus...) l'auteur aborde les perfections de saint Joseph. Perfectins réelles, mais qui ne vont pas le protéger des douleurs de la vie.

Le chapitre 4 de la seconde partie est consacré aux douleurs de saint Joseph. Voici ce que dit le cardinal Lépicier :

Douleurs spirituelles, source, pour saint Joseph, de grâces et de mérites

Après avoir parlé des vertus insignes du saint Patriarche Joseph, vertus qui le rendirent si semblable à la Vierge bénie, il nous faut maintenant considérer les poignantes douleurs qu’il eut à supporter, en raison du soin dont il avait été chargé par Dieu, d’être le gardien de la sainte Famille. En effet, ce sont ces douleurs mêmes qui contribuèrent à préciser encore davantage sa parfaite ressemblance avec Marie, son Épouse chérie.

Il n’y a pas à douter que ce sujet ne trouve ici sa place. Nous l’avons vu, saint Joseph fut appelé, par l’Esprit Saint, un homme juste ; or, il entre habituellement dans les desseins de la Providence que les justes soient soumis à des épreuves parfois bien cruelles. « Parce que tu étais agréable à Dieu, disait l’Ange à Tobie, il était nécessaire que la tentation te mît à l’épreuve. » D’ailleurs, ne savons-nous pas que c’est dans la douleur, que se trouvent les meilleures occasions de mérite, et que c’est dans la douleur saintement supportée, que la vertu resplendit d’un éclat particulier ?

Nous parlerons donc ici des douleurs de saint Joseph, mais seulement de ses douleurs spirituelles, remettant au chapitre suivant de parler de ses douleurs corporelles. Nous verrons, par ce qui suit, combien, ici encore, le saint Patriarche se rapproche de son Épouse, que nous saluons comme la Reine des Martyrs. Nous admirerons l’auréole de gloire que ces douleurs, saintement supportées, ont ajoutée à son front virginal.

Parmi ces douleurs, on en compte sept, qui réclament tout particulièrement notre attention. Ces sept douleurs sont indiquées par les Évangélistes, saint Matthieu et saint Luc, et on a coutume de les énumérer comme il suit : 1° L’angoisse du saint Patriarche à la vue de la grossesse de Marie ; 2° le délaissement de Jésus à sa naissance ; 3° la circoncision du divin Enfant ; 4° la présentation de Jésus au Temple ; 5° la fuite en Égypte ; 6° la crainte d’Archélaüs occasionnant le retour à Nazareth ; 7° la perte de Jésus au Temple. Nous dirons quelque chose de chacune de ces douleurs, ainsi que des consolations que la main paternelle de Dieu ne manqua pas de lui envoyer, et des vertus qui accompagnèrent chacun de ces douloureux événements.

Douleur de saint Joseph à la vue de la grossesse de Marie

Dieu n’ayant pas voulu révéler plus tôt à saint Joseph le profond mystère qui s’était accompli en sa chaste Épouse, le saint Patriarche éprouva un trouble profond quand il aperçut en elle les signes d’une prochaine maternité.

Voici comment saint Matthieu raconte cette première douleur du père putatif de Jésus. « Joseph, l’époux (de Marie), étant un homme juste et ne voulant pas la déshonorer, résolut de la renvoyer secrètement » Le trouble du saint Patriarche ne provenait pas, nous l’avons dit, de ce qu’il soupçonnât aucun mal moral de la part de sa sainte Épouse, ou qu’il se crût lui-même indigne de vivre en sa compagnie. Il provenait de ce que, connaissant, d’un côté, l’insigne sainteté de Marie, et, de l’autre, ignorant le fait de l’Incarnation du Verbe, il fut pris d’une angoisse terrible, qui le jeta dans une profonde affliction.

Cette affliction était le résultat du conflit des sentiments contraires qui agitaient son cœur et qui le plongeaient dans une agonie mortelle. Car, nous le savons par expérience, rien ne nous est plus pénible qu’une grave situation dont nous ne voyons pas d’issue. Ne voulant ni renvoyer une Épouse aimée qu’il savait innocente, ni la retenir contre la loi divine, il subissait en son âme un conflit d’opinion, semblable à l’agonie qu’une personne ressent en présence d’un malheur imminent, qu’il lui est impossible d’écarter et contre lequel elle ne voit aucun remède.

Il n’est guère possible que la Vierge bénie ne s’aperçût pas du trouble de son chaste époux. Mais ni Joseph ne voulut s’en ouvrir à Marie, ni Marie à Joseph, la chose étant trop délicate, pour que leur mutuelle pudeur n’en ressentît quelque atteinte. Ils préférèrent donc, chacun de son côté, laisser tout entre les mains de la divine Providence.

Mais si cet incident remplit l’âme du saint Patriarche d’une douleur indicible, il servit merveilleusement à mettre en relief sa pleine conformité aux dispositions de la volonté divine.

Car, aux paroles consolatrices de l’Ange et à son ordre de retenir Marie pour son épouse, Joseph n’oppose aucun obstacle. À peine éveillé, il se lève, sans attendre le jour, pour accomplir ce qui a été prescrit. Dieu qui n’avait pas voulu que le Verbe se fît chair en Marie sans le consentement explicite de cette Vierge, avait ordonné que la coopération de saint Joseph à ce grand mystère n’eût lieu qu’après un acte de parfaite obéissance de sa part aux ordres du ciel. Jusqu’ici il n’avait, comme tous les époux, donné son assentiment qu’au mariage avec une vierge qu’il savait être toute sainte ; mais, maintenant, il s’agissait, non plus d’une vierge quelconque, mais de la Mère de Dieu, dont il devrait partager, à l’avenir, la responsabilité, les craintes, les angoisses, les douleurs ineffables. Le consentement de Joseph, comme auparavant celui de Marie, ne se fit pas attendre : il accepta de garder Marie comme son épouse, accepit coniugern suam. Ce n’était plus à une jeune fille, quelque sainte fût-elle, que le saint Patriarche donnait sa main : c’était à la Corédemptrice du genre humain. Lui-même, il le comprend, devra aider et assister Marie dans sa grande mission, en prenant part à ses immenses douleurs.