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ebooks de marine

Liste des livres de marine que nous publions. Corsaires français et pirates anglais. ebooks au format epub.

Louis Garneray

Voyages, aventures et combats

Le premier livre des récits de Louis Garneray, lieutenant de Surcouf, et qui participa à la prise du Kent.

Surcouf réunit alors son état-major autour de lui et nous interroge sur nos observations. Ce conseil improvisé ne sert pas à grand-chose. Chacun, officier, maître, matelot, donne tumultueusement son avis ; mais cet avis est en tout point conforme à celui de notre commandant : c’est-à-dire que le navire en vue est à dunette, qu’il est long, bien élevé sur l’eau, bien espacé de mâture ; en un mot, que c’est un vaisseau de guerre de la Compagnie des Indes, qui se rend de Londres au Bengale et qui, en ce moment, court bâbord amure et serre le vent pour nous accoster sous toutes voiles possibles. À présent, ce navire doit-il nous faire monter à l’apogée de la fortune, ou nous jeter, cadavres vivants, sur un affreux ponton ? C’est là un secret que Dieu seul connaît ! N’importe, on risquera la captivité pour acquérir de l’or ! L’or est une si belle chose, quand on sait, comme nous, le dépenser follement.

— Tout le monde sur le pont, hèle Surcouf du haut des barres, où il s’est élancé de nouveau, toutes voiles dehors !

Puis après un silence de quelques secondes :

— Du café, du rhum, du bishop. Faites rafraîchir l’équipage !… Branle-bas général de combat ! ajouta-t-il d’une voix éclatante.

— Branle-bas ! répète en chœur l’équipage avec un enthousiasme indescriptible.

Au commandement de Surcouf, le bastingage s’encombre de sacs et de hamacs, destinés à amortir la mitraille ; les coffres d’armes sont ouverts, les fanaux sourds éclairent de leurs lugubres rayons les soutes aux poudres ; les non-combattants, c’est-à-dire les interprètes, les médecins, les commissaires aux vivres, les domestiques, etc., se préparent à descendre pour approvisionner le tillac de poudre et de boulets, et à recevoir les blessés ; le chirurgien découvre, affreux cauchemar du marin, les instruments d’acier poli ; les panneaux se ferment ; les garde-feu, remplis de gargousses, arrivent à leurs pièces ; les écouvillons et les refouloirs se rangent aux pieds des servants, les bailles de combat s’emplissent d’eau, les boutefeux fument : enfin, toutes les chiques sont renouvelées, chacun est à son poste de combat !

Ces préparatifs terminés, on déjeune. Les rafraîchissements accordés par Surcouf font merveille ; c’est à qui placera un bon mot ; la plus vive gaîté règne à bord ; seulement cette gaîté a quelque chose de nerveux et de fébrile, on y sent l’excitation du combat !

Cependant le vaisseau ennemi, du moins on a mille raisons pour le présumer tel, grandit à vue d’œil et montre bientôt sa carène. On connaît alors sa force apparente, et la Confiance courant à contre-bord l’approche bravement sous un nuage de voiles.

À dix heures, ses batteries sont parfaitement distinctes ; elles forment deux ceintures de fer parallèles de trente-huit canons ! Vingt-six sont en batterie, douze sur son pont !… C’est à faire frémir les plus braves ! Une demi-lieue nous sépare à peine du vaisseau ennemi.

— Mes amis, nous dit Surcouf, dont le regard étincelle d’audace, ce navire appartient à la Compagnie des Indes, et c’est le ciel qui nous l’envoie pour que nous puissions prendre sur lui une revanche de la chasse que nous a donnée hier la Sibylle ! Ce vaisseau, c’est moi qui vous le dis, et je ne vous ai jamais trompés, ne peut nous échapper !… Bientôt il sera à nous : croyez-en ma parole ! Cependant, comme la certitude du succès ne doit pas nous faire méconnaître la prudence, nous allons commencer d’abord par tâcher de savoir si tous ses canons sont vrais ou faux.

Le brave et rusé Breton fait alors diminuer de voiles pour se placer au vent, par son travers, à portée de 18. À peine cette manœuvre est-elle opérée, qu’un insolent et brutal boulet part du bord de l’ennemi pour assurer ses couleurs anglaises. À cette sommation d’avoir à montrer notre nationalité, un silence profond s’établit sur la Confiance.

Le négrier de Zanzibar

La suite des aventures de Louis Garneray, qui se retrouve à combattre les pirates, à réprimer une rébellion sur un navire négrier, et à se battre dans la jungle avec quelques bêtes sauvages.

Depuis mon départ de France et mon embarquement sur la Forte, je n’avais pour ainsi dire pas mis pied à terre. Je résolus donc, dès que j’eus touché mes parts de prise du Kent, qui me permettaient de vivre à mon aise, de prendre un peu de repos.

Toutefois, de l’année 1801 à 1802, laps de temps que je m’étais désigné pour jouir en paix du fruit de mes dangers et de mes fatigues, j’entrepris un petit voyage à Madagascar. J’aurais bien voulu m’intéresser, ainsi que me l’avait conseillé Surcouf en me quittant, dans quelque entreprise commerciale et maritime ; mais les croisières anglaises qui bloquaient presque constamment la colonie rendaient ces sortes d’affaires si incertaines et si chanceuses, que je n’osai m’y mêler.

En 1802, la nouvelle du traité d’Amiens arriva dans la colonie et ranima un peu les affaires. On arma quelques navires pour l’Inde.

Mes connaissances maritimes, car je pouvais alors construire et conduire un bâtiment, unies aux nombreuses amitiés que j’avais formées à Maurice, me donnaient presque l’assurance de trouver un emploi à bord de l’un de ces navires ; mais désirant ne plus m’embarquer dans une position secondaire, j’hésitais à accepter les conditions que l’on m’offrait, lorsque je fis la connaissance du capitaine Lafitte, Commandant le brick la Petite-Caroline. Ce capitaine, fort honnête homme, mais assez insignifiant sous tous les rapports, me proposa un intérêt dans l’armement de son navire avec le grade de lieutenant, et me présenta à ses armateurs.

Mes pontons

Le récit de la captivité de Louis Garneray, 9 ans sur les pontons anglais. Humiliations, amitiés, découverte de la peinture, puis libération et retour en France.

Notre nouveau capitaine qui, promu à vingt-deux ans au grade de lieutenant de vaisseau par suite d’une visite que le duc d’York avait faite à bord du navire qu’il montait, s’était marié avec la fille d’un riche intéressé dans la compagnie des Indes, et devait à cette puissante alliance de se trouver à vingt-quatre ans à peine capitaine d’un ponton.

Je suis trop heureux lorsque l’occasion se présente de constater quelque générosité de la part des Anglais, pour ne pas m’empresser de déclarer ici que l’avènement du capitaine Edwards fut pour nous un grand bonheur. M. Edwards, quoique personne ne fût plus scrupuleux que lui dans l’accomplissement de ses devoirs, comprit à merveille, en homme d’intelligence et de cœur, que le pouvoir à peu près discrétionnaire dont il était investi lui laissait une grande latitude pour faire le bien ; aussi sa constante préoccupation fut-elle d’interpréter l’esprit des règlements en notre faveur, et de nous procurer tous les adoucissements à notre sort qui étaient compatibles avec ses instructions.

Ce que c’est pourtant que l’influence d’un chef honnête ! Quoique le gouvernement anglais n’eût pas un farthing à dépenser de plus pour nous par an, notre ponton prit bientôt un tout autre aspect, et notre sort se trouva, matériellement et moralement parlant, amélioré d’une façon si extraordinaire qu’il devint tolérable, presque heureux.

Traités avec égards et humanité, nous tâchions de nous acquitter de ces bienfaits, car la justice et l’humanité étaient pour nous des bienfaits, par notre reconnaissance et par notre bonne conduite. Aidant volontiers, et sans y être forcés en rien, les matelots anglais dans l’accomplissement de certaines corvées que nous n’aurions, certes, jamais acceptées auparavant, nous vivions avec nos ennemis en parfaite intelligence.

Edward John Trelawney

Mémoires d'un gentilhomme corsaire

Les aventures mouvementés d'un jeune anglais qui s'engage dans la marine à l'âge de 13 ans, et devient, au bout de quelques années, corsaire pour la France !

Nous avions ordonné à quelques-uns de nos hommes de prendre possession des bateaux et de la barge de l’ennemi, qui se trouvaient côte à côte du grab, pendant que le cutter et un autre bateau rempli d’officiers fuyaient en pleine mer. Mais une poignée de matelots, guidés par un officier, s’opposa à l’opération, revint à la charge, et tenta de se frayer à l’arrière un passage jusqu’à de Ruyter.

Soit qu’ils voulussent, d’un commun accord, s’attaquer au commandant de notre sombre équipage, soit que l’officier eût l’intention de se mesurer avec mon ami, soit encore qu’il ne voulût être désarmé que par un égal, toujours est-il qu’il se fraya bravement un passage au travers de la foule compacte des marins.

De Ruyter comprit le véritable désir de l’officier, car il cria impérieusement :

— Retirez-vous, Arabes, laissez passer le chef, mais seul !

Au lieu de rendre son épée, ainsi que je m’y étais attendu, l’officier s’élança vers de Ruyter avec l’impétuosité de la foudre. Sa taille, vigoureusement élancée, égalait la souplesse de celle de l’ennemi qu’il voulait combattre. La résolution de l’officier parut sourire à de Ruyter, car sa figure se dilata, et un éclair jaillit de ses yeux expressifs et perçants.

De Ruyter tenait un pistolet dans la main gauche, et sa main droite s’appuyait sur une courte épée d’abordage. À plusieurs reprises, et presque inutilement, il ordonna aux matelots de s’éloigner de lui, les menaçant de ses armes s’ils n’obéissaient pas. Enfin l’espace fut laissé libre, et les deux champions se trouvèrent en présence.

Karl May

Surcouf le corsaire

Karl May créé un véritable roman d'aventure hstorique, dans lequel Surcouf est confronté tout d'abord au Colonel Bonaparte, puis au Consul Bonaparte, et enfin à l'Empereur. Ce dernier ne comprend pas l'importance d'une marine pour la France

La brigantine passait à ce moment en vue de la batterie. À un commandement de Surcouf, les hommes étaient montés sur les vergues et se tenaient par les mains comme pour une revue. En même temps, le drapeau français était hissé et le canon saluait par le nombre de coups réglementaire. Tout cela avec tant de sûreté et d’exactitude, que Bonaparte lui-même fut ému. Il fit répondre par un même nombre de coups au salut de l’homme qu’il s’était promis d’oublier.

La brigantine était passée ; aussitôt un homme vint à la poupe remplacer la bande portant les mots : le Faucon, par une autre portant les mots : The Hen.

« Ah ! Diable ! Il nous a trompés, s’écria Dugommier. Tout ceci n’était qu’une comédie pour échapper à nos batteries. Parce qu’on lui a refusé un bateau, votre homme est passé à l’ennemi.

— Je ne le crois pas. Ce Surcouf est incapable de trahir la nation, car il est un pieux chrétien et un bon Français. Un tel homme ne saurait manquer de loyauté. Je crois plutôt qu’il veut tromper les Anglais.

— Nous allons bien le voir dès qu’il va arriver à la portée de leurs canons. »

La brigantine, gracieusement inclinée, filait à toutes voiles au-delà de la rade vers les trois-mâts anglais, dont on pouvait, sans longue-vue, distinguer chaque unité, particulièrement celle qui portait l’amiral Hood. Ce fut près de cette dernière qu’elle s’arrêta.

« Il attend un signal. C’est vraiment un traître, dit Dugommier.

— Attendons, reprit Bonaparte, cela devient passionnant.

— S’approcherait-il ainsi du vaisseau amiral, s’il voulait réellement échapper aux Anglais ?

— Le plus difficile en apparence est parfois le plus facile. Ah ! que se passe-t-il ? Les hommes qui avaient disparu reviennent maintenant avec des uniformes anglais. Je devine les projets de cet endiablé de Surcouf. Si mes suppositions se confirment, ce Surcouf est vraiment l’homme auquel on aurait dû confier un bateau. »

Sir Arthur Conan Doyle

Contes de pirates

Découvrez l'un des domaines de prédilection d'Arthur Conan Doyle : les pirates et les corsaires. Quatre contes mettent en scène les aventures du pirate Sharckey, un autre conte met à l'honneur le patriotisme britannique ; le dernier conte est le récit d'un pirate moderne au grand coeur.

Le capitaine Sharkey, qui commandait le corsaire Happy-Delivery de vingt canons, avait descendu la côte en la jalonnant de navires coulés et de cadavres. Quantité d’anecdotes couraient sur ses plaisanteries sinistres et sur son impitoyable férocité. Des Bahamas à la mer des Antilles, son bateau noir comme du charbon était une promesse de mort et de beaucoup de choses plus terribles que la mort. Le capitaine Scarrow avait été tellement énervé par ces histoires qu’avec son navire neuf gréé en trois-mâts carré et sa cargaison de valeur il s’était déporté vers l’ouest jusqu’à l’îles des Oiseaux pour s’écarter de la route commerciale normale. Même dans ces eaux solitaires le capitaine Sharkey s’était rappelé à son souvenir.

Un matin ses matelots avaient repêché un canot à la dérive, dont le seul occupant était un marin délirant qui avait poussé des rugissements pendant qu’il avait été hissé à bord, et qui leur avait montré une langue aussi sèche qu’un champignon noir. De l’eau et des soins avaient vite fait de lui l’homme le plus robuste et le plus alerte de tout l’équipage. Il était de Marblehead, dans la Nouvelle-Angleterre, à ce qu’il semblait, et il restait l’unique survivant d’un schooner qui avait été coulé par le terrible Sharkey.

Une croisère autour du monde

Écrit par W.H.G Kingston, auteur anglais spécialiste du roman pour la jeunesse, nous avons adapté la traduction de ce roman, un peu ancienne, pour la rendre plus contemporaine et attirante.

Le jeune Harry n'a pas très bien réussi dans les études, et son père le confie à l'un de ses amis, capitaine de vaisseau de la marine marchande anglaise. Celui-ci part pour un tour du monde.

Harry a vite devenir l'ami du fils du capitaine, et les deux jeunes adultes vont découvrir de nombreux pays, au fur et à mesure de leurs escales.

(...)

« Faut-il faire feu ? demandai-je à M. Brand ; pour avertir le navire ! » J’étais alors assis sur un banc du canot qui servait de proue.

« Oui, oui ! Harry, faites feu, répondit-il. Nous sommes assez près maintenant pour qu’on nous entende du navire. » Je pris donc un fusil et je tirai un coup en l’air. Tout de suite nous vîmes le bâtiment augmenter de voile et s’avancer droit sur nous.

« Je l’ai toujours pensé, et maintenant j’en suis sûr ! s’écria tout à coup Ben en sautant presque dans la barque. Je connais cette bonnette de mât de hune à tribord. Il n’y a pas à s’y tromper. C’est le Triton ! hourra ! hourra !

— Vous avez raison, Ben, dit M. Brand. Je pensais bien aussi que c’était le Triton ; mais j’avais peur que mes espérances ne m’induisent en erreur. Allons ! marchons, ou les sauvages nous attraperont avant que nous soyons arrivés au Triton. » L’avis n’était pas inutile, car les pirogues des sauvages étaient déjà parvenues à portée de nos carabines.

« Est-ce que vous ne pourriez pas, monsieur, nous abattre quelques-uns de ces sauvages ? demanda Ben. Ce ne serait que leur donner ce qu’ils méritent, et cela les arrêterait un peu.

— Non, répondit le cousin Silas. Ne versons jamais le sang, tant que nous pouvons l’éviter. En vérité, on dirait qu’ils nous ont déjà reconnus sur le Triton. Les voici qui tirent pour les épouvanter. »

En effet, comme il parlait, le Triton tira successivement trois coups de canon. Ce bruit et cette fumée, auxquels les sauvages n’étaient évidemment pas accoutumés, les firent à l’instant cesser de pagayer. Nous, redoublant d’efforts, nous reprîmes de l’avance. Cependant, après avoir hésité, les sauvages rentrèrent en chasse ; mais juste à cet instant le navire tira heureusement un nouveau coup ; en même temps, M. Brand saisissait les fusils et les déchargeait l’un après l’autre au-dessus des têtes de ceux qui nous poursuivaient. Ceux-ci se remirent à hésiter : la plupart cessèrent de pagayer, deux ou trois pirogues seulement continuèrent d’avancer avec lenteur, quelques-unes même retournèrent vers la terre. Leur temps d’arrêt nous donna un grand avantage, et, sans attendre que M. Brand eût rechargé les fusils, nous maniâmes nos pagayes avec une ardeur qu’augmentait l’espérance de succès. Au bout de quelques minutes pourtant le courage revint aux sauvages qui, dans la crainte de nous voir définitivement leur échapper, s’unirent tous pour nous poursuivre. Mais la brise avait fraîchi, le navire fendait rapidement les eaux, et avant que les pirogues aient regagné la distance qu’elles avaient perdue, nous nous rangions le long du navire. Tandis que nous en escaladions le flanc, de joyeux cris de bienvenue partaient de tous les côtés du Triton.